Mini road trip : Laguna Azul – Cabo Vírgenes – Parque Nacional Monte León (1 633 km – 4 jours)
Journée n°1 : El Calafate → Laguna Azul
Jeudi 2 Janvier, après avoir passé un nouvel an au calme à El Calafate, Ma Bouillotte et Pougounou s’apprêtent à réaliser leur rêve. Aujourd’hui est effectivement un grand jour, puisqu’il s’agit de notre départ vers les manchots.
Il est 10 heures, nous allons récupérer notre voiture de location à El Calafate. D’ailleurs, si vous prévoyez de louer une voiture à partir de cette ville et en cette période touristique, nous vous conseillons d’effectuer la réservation un ou deux bons mois à l’avance. En effet, nous avons décidé de louer la voiture en nous rendant directement dans les agences de location. Cependant, sur sept agences consultées, seulement deux avaient de la disponibilités en dernière minute pour les dates que nous souhaitions (j’ai même eu peur que la réalisation du rêve de Ma Bouillotte soit compromis). Pour information également, si votre espagnol est très moyen comme le notre, pas de panique El Calafate vit grâce au tourisme, pratiquement toutes les agences peuvent vous répondre en anglais.
Voiture en main, nous nous installons alors tous confortablement à bord de notre petit chevrolet prisma. Moi au volant, Ma Bouillotte en co-pilote et Pougounou en observateur, nous prenons la direction de Río Gallegos.
Une fois sortie de la ville, nous nous engageons sur la route 40. Ici le paysage est paisible et à perte de vue. Je reste néanmoins attentive, les Guanacos et les petits oiseaux se font une joie d’être au bord de la route et même de la traverser.
Les pauses sont ensuite conditionnées par la présence d’une ville, ce n’est qu’au bout de 183 km que nous nous arrêtons dans le petit village d’Esperanza. Après avoir déjeuné, nous poursuivons notre route. Maintenant habituée à la voiture, je roule à bon rythme, mais toujours en deçà de ce que se permettent les Argentins. Je me fais doubler par eux et moi je double les touristes qui se pensent être sur une départementale en France. Il y a parfois quelques panneaux indiquant la vitesse maximum autorisée, je comprends rapidement en suivant les locaux que sur cette grande route tout le monde garde sa vitesse de pointe. Je fais donc de même (les limitations interviennent essentiellement quand il y a un virage : 60km/h, à 90km/h ça passe très bien). Sinon, il s’agit d’une route limitée à 110 km/h, les Argentins la font plutôt à 120-130 km/h.
Après 180 nouveau kilomètres nous atteignons pratiquement Río Gallegos. Là nous découvrons de très grands ronds points ovales avec des panneaux où les destinations sont écrites en tout petit. Je compte donc plus que tout sur Ma Bouillotte pour me guider. Une fois arrivés à la périphérie de Río Gallegos, j’essaie de suivre les locaux, parce que les ronds points où on ne sait pas qui à la priorité, les routes où trois voitures peuvent s’engager en même temps et la vitesse minimum à 60 km/h me compliquent la tâche. Heureusement, nous sortons vite de ce passage et nous dirigeons maintenant vers le monument Marjory Glen.
Trois kilomètres avant d’atteindre notre destination, je découvre la conduite sur ma première route en terre et gravillons. A mi-chemin, la lumière est tout simplement magnifique. Je décide de m’arrêter pour prendre en photos les chevaux avec en arrière plan l’épave du Marjory Glen.
Une fois sur place, nous ne sommes pas seuls puisque plusieurs véhicules sont déjà garés aux emplacements dédiés. Une fois descendus de voiture, nous observons l’impressionnante épave du bateau.
Heureuse de sentir cette bonne odeur d’océan qui me rappelle mes vacances, nous allons voir la mer. Ni une ni deux je laisse Ma Bouillotte derrière et enlève mes chaussures pour aller goûter l’eau. Elle est fraîche, un peu saisissante mais je m’attendais à plus frais. Nous faisons alors quelques mètres sur la plage faite de petits galets, avant de prendre un rapide selfie de famille.
Le temps de remettre mes chaussures que de nombreuses petites mouches viennent et ne cessent de se poser sur nous. Nous décidons donc de rebrousser chemin. Nous nous rendons maintenant à la Laguna Azul à 50 kilomètres de Río Gallegos.
En cours de route, nous réussissons à remettre de l’essence. Je dis bien réussir, car avant de comprendre ce que nous disaient les employés nous avons eu comme qui dirait un dialogue de sourds. Avec un peu de patience et d’efforts des deux côtés, l’histoire se finit bien (nous travaillons depuis cet instant à comment dire « faire le plein » en espagnol).
Arrivés au lac, nous sommes surpris de voir qu’il y a relativement beaucoup de personnes pour la petitesse du lieu mais surtout pour sa distance avec la ville. Nous voyons peu de touristes et comprenons que ce lieu est plutôt prisé par les locaux (essentiellement des couples). Avec le couché du soleil nous découvrons alors pourquoi. D’abord jaune puis orange, la lumière change très rapidement.
Le lac formé dans l’ancien cratère d’un volcan nous parait de plus en plus beau. Sa beauté se dévoile d’ailleurs en fonction de l’angle sous lequel il est regardé.
C’est dans ce paysage et avec ces lumière qu’un arc-en-ciel se forme du côté du parking. Il va rester en place une bonne vingtaine de minutes.
J’en profite pour l’immortaliser dans une photo panorama.
Puis la lumière passe d’orange à un bleu-rose foncé.
Nous revenons ensuite sur nos pas et suivons le petit sentier basaltique. Le soleil presque couché, nous offre ces derniers rayons de lumière. Ma Bouillotte pose pour une deuxième photo Instagram.
Il est alors temps pour nous d’aller dormir, la journée de demain s’annonce riche en émotions. Nous décidons de rester à la « Laguna Azul » pour dormir et prenons place tant bien que mal dans la voiture.
Journée 2 : Laguna Azul → Cabo Vírgenes
Il est 8 heures, cette nuit il a plu en continue. Protégés par la voiture et un peu de chauffage plus tard, nous sommes contents, pour une fois, de ne pas avoir été sous notre tente. Le petit-déjeuner prit, nous partons en direction de Cabo Vírgenes et sa réserve de manchots de Magellan.
Nous rejoignons rapidement la route 1. Un panneau nous indique Cabo Vírgenes à 120 km. La chaussée n’est pas goudronnée et assez mal entretenue. Nous réalisons que le chemin sera long au vu des nombreux nids de poule qui freinent la progression. Très attentive, je slalome entre eux et essaie de choisir le meilleur passage. Nous passons ensuite notre temps à alterner de conducteurs car la concentration est de rigueur.
Les kilomètres défilent doucement. Nous attendons donc patiemment les panneaux nous indiquant la distance restant à parcourir.
Malgré la pluie, nous pouvons aisément observer les oiseaux qui nous semblent maintenant si familier, puisque typique de la Patagonie.
C’est au bout de six heures de route que nous apercevons enfin l’océan et le panneau de bienvenue à la réserve.
Nous sommes maintenant tout proche. Quand nous atteignons la maison du gardien, nous nous arrêtons, mais il n’y a personne. Le lieu est terne et semble à l’abandon (les dernières affiches datent de 2018). Nous reprenons la voiture, Ma Bouillotte les yeux bandés pour garder la surprise jusqu’au bout.
Et là, c’est juste incroyable, il y a des manchots qui traversent de partout. Je peux également voir au loin leur petite tête sortir des buissons. J’arrête la voiture et laisse maintenant Guillaume découvrir le lieu.
Après cette première vague d’émotion, nous garons un peu plus loin la voiture sur un parking dédié et continuons la visite à pied.
Une odeur forte de fiente d’oiseau embaume l’air sans que cela ne nous gêne vraiment, car nous nous y habituons vite. Nous entendons de tous les côtés le cri des manchots. Nous en déduisons, en observant les alentours, qu’il s’agit essentiellement des bébés qui réclament à manger.
En continuant d’avancer dans la réserve sur un sentier dédié aux piétons, nous remarquons au loin un passage où les manchots ne cessent de traverser. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit du chemin menant à la mer.
C’est d’ailleurs assez amusant de les voir aussi nombreux en train de se dandiner pour marcher.
Nous parvenons ensuite à un point de vue permettant d’observer la mer. Sur la plage se trouve encore plein de manchots, Ma Bouillotte reçoit sa deuxième vague d’émotion.
Certains animaux nagent et sautent joyeusement dans les vagues. Je regrette alors pour la première fois de ne pas avoir un appareil photo de qualité afin d’immortaliser ces moments (même s’ils restent à tout jamais dans nos mémoires).
Après avoir déambuler 1h15 dans ce lieu magique, nous revenons à la voiture. Le froid a fini par nous gagner. Nous reprenons ensuite la voiture et allons au phare Cabo Vígernes à seulement deux kilomètres des manchots. Ici aussi tout semble à l’abandon. Des panneaux indiquaient en effet la présence d’un musée et d’un petit café. Ni l’un ni l’autre ne sont ouverts. Le phare est cependant jolie et il en vaut le court détour.
Le point de vue à partir de ce dernier est vraiment magnifique, d’autant plus que le soleil nous accompagne en cette fin de journée.
Nous finissons par redescendre vers notre voiture. Le lieu ici est atypique, car il marque le début de la célèbre route 40, très apprécier pour ses paysage. Elle est considérée comme étant incontournable pour les amateurs de road trip, puisqu’elle longe la cordières des Andes et rejoint La Quiaca, à la frontière bolivienne.
Entre le phare et les manchots, nous finissons notre journée en installant la voiture sur une aire balisée de camping. Comme la nuit précédente nous prenons place dans la voiture pour une nouvelle nuit.
Journée n°3 : Cabo Vírgenes → Monte León
5h30 une nouvelle journée s’annonce. Nous rangeons rapidement nos duvets et décidons de nous offrir une dernière dose de manchots dans ce lieu magnifique. Quand nous arrivons sur place une heure plus tard, il est l’heure du nourrissage au sein de la colonie.
Tout le monde est très actif et nous avons l’impression d’observer encore plus de manchots que la veille. Comme il est impossible de s’en passer, je vous partage plein de nouvelles photos.
Même si nous nous plaisons bien au milieu de tous ces manchots, il est temps de reprendre la route. Nous prévoyons de nous rendre au parc national Monte León aujourd’hui. Nous repartons donc en sens inverse. Par rapport à la veille, il semblerait que nous gagnons en expertise, puisque nous rejoignons l’intersection de la route 1 avec la 3 en cinq heures au lieu de six.
S’en suit une petite pause casse-croute et un plein d’essence, puis nous quittons Río Gallegos. Il y a un peu de vent aujourd’hui ce qui rend la conduite un peu plus difficile. Le passage des camions en sens averse nous bouscule. Nous parvenons néanmoins 180 kilomètres plus tard à l’estancia Monte León où nous nous enregistrons comme indiqué à l’entrée du parc du même nom. Bien que les locaux soient fermés (les horaires sont 9h-16h), un carnet à l’extérieur permet l’enregistrement.
Une fois dans le parc (ouvert lui jusqu’à 18h30), nous roulons sur une route en terre. Celle-ci contrairement à celle que nous venons de connaitre est très belle et permet une conduite relativement rapide. Nous apprécions le paysage et trouvons le mélange de couleurs intéressant. Les strates sédimentaires sont le témoin d’années de formation de cet environnement.
Les guanacos comme toujours sont aussi bien présents. Nous faisons un premier arrêt au point de vue de la tête de lion. Effectivement vue de loin cette falaise ressemble à un lion couché (mon appareil photo n’est pas assez précis pour vous le montrer, mais il est bien là).
Nous poursuivons ensuite vers le chemin menant aux manchots, mais le sentier est fermé à cause des risques de présence de pumas sur ce secteur et rouvrira le lendemain à 9 heures. Nous continuons donc notre route jusqu’au point de vue sur la tête de lion. Ici nous découvrons une colonie de lions de mer. Ils sont assez bruyants et cela nous impressionne.
Certains dans l’eau essaient de remonter sur la roche, mais cette dernière glissante les font retomber dans l’eau. Ils se dépatouillent donc ils le peuvent pour réussir leur ascension, ce qui nous amuse. Les pancartes informatives nous en apprennent plus sur cette colonie. Il s’agit essentiellement de femelles et de jeunes qui sont ici pour se reposer et s’amuser. Il ne s’agit donc pas d’un lieu de reproduction, le lieu ne s’y prêtant pas.
Nous allons ensuite à un autre point de vue donnant sur « the Monte Leon Island Provincial Reserve ». Nous observons alors différentes espèces de mouettes ainsi que des cormorans. Avec des jumelles, je vous l’accorde ça serait beaucoup mieux, nous avons du mal à repérer les cormorans au milieu de tous ces oiseaux.
Nous terminons enfin notre périple vers le point central du parc. Nous allons voir le ranger présent sur place pour lui demander s’il est possible de camper. Malheureusement ce n’est plus le cas. En effet, nous notons la présence d’anciens sanitaires avec douches (condamnés), ainsi que des tables de pique-nique et des barbecues. Les barbecues peuvent être utilisés en journée à condition d’amener de quoi l’allumer. La journée se faisant tardive nous décidons de sortir du parc (le ranger nous indique qu’aucune voiture ne peut rester pour la nuit) et nous reviendrons demain pour voir la plage et les manchots. Nous trouvons une aire pour poser la voiture à deux kilomètres du parc, afin de passer la nuit.
Journée n°4 : Monte Leon → El Calafate
Le lendemain nous prenons la route une nouvelle fois vers l’estancia afin de nous ravitailler en eau. Mais ce matin, nous paniquons un peu la voiture a le voyant orange moteur qui ne veut pas s’éteindre. Nous décidons de pousser notre route jusqu’à la ville la plus proche pour obtenir du réseau et éventuellement demander l’avis à l’agence de location. Une fois sur place le voyant s’éteint finalement… nous obtenons un peu plus d’informations sur ce dernier et nous disons qu’il s’agissait sûrement d’un défaut de capteur. Après plus de peur que de mal et une heure plus tard, nous reprenons la direction du parc.
Nous pouvons enfin aller voir les manchots. Pour ce faire, un petit sentier plat de deux kilomètres permet de rejoindre la colonie à pied.
Nous croisons sur le sentier un petit troupeau de guanacos. Nous essayons de nous en approcher, mais ils prennent peur et s’écartent du sentier.
Au bout des deux kilomètres l’environnement est différent de Cabo Vírgenes. La brise marine embaume bien plus l’air, de plus un unique et court sentier nous fait passer à travers la colonie. Les nids proches de celui-ci semblent avoir l’habitude de notre intrusion, certains manchots se montrent même intrigués et penchent leur tête de droite à gauche avec des yeux interrogateurs.
Nous allons jusqu’au bout du chemin afin d’atteindre une petite cabane qui est un point de vue sur la mer. Certains manchots ont fait leur nid sous les planches en bois de la cabane. Ces derniers se montrent extrêmement curieux.
Nous apercevons aussi au loin une falaise qui fait un arc, cela nous rappelle beaucoup notre séjour à Etretat en france.
Après cette visite nous retournons vers le point central du parc pour le déjeuner. Mais tout d’un coup, il se met à pleuvoir. Le ranger du parc vient nous mettre en garde sur la route d’accès qui va devenir impraticable si la pluie ne se stoppe pas et nous indique qu’il serait plus prudent de sortir du parc dès maintenant. Nous abandons donc l’idée de marcher sur plage et faisons demi-tour. Effectivement le route est déjà bien trempée. La terre argileuse colle aux roues et nous perdons l’adhérence.
Je roule très prudemment, l’arrière de la voiture ne cesse de déraper. Les gardes forestiers roulent derrière nous. Sur une portion extrêmement boueuse, je nous vois déjà partir en tête à queue mais la pilote que je suis maintien le cap. Après cela je décide d’échanger avec Ma Bouillotte, les rangers nous donnent alors quelques conseils sur la conduite à adopter sur ce type de terrain. Nous repartons de plus belle, la partie la plus compliquée est maintenant passé, quand un nuage de petite grêle passe. Ça ne durera qu’une minute, mais nous nous disons qu’en Patagonie le temps n’en fait vraiment qu’à sa tête.
Nous rejoignons enfin la route asphaltée et prenons la direction d’El Calafate, il est tant pour nous de rendre la voiture et de continuer notre périple vers de nouvelles aventures.