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Trek – Huemul Circuit (5 jours)

Avant-propos

Pour notre première randonnée à El Chaltén, nous avons choisi de réaliser l’Huemul circuit. Il s’agit d’une randonnée de 3 à 5 jours localisée dans la partie nord du Parc National « Los Glaciares ».

La randonnée débute à El Chaltén au niveau de la cabane d’administration du parc. Il faut au préalable :

  • Se déclarer et s’enregistrer auprès des rangers du parc. C’est-à-dire qu’il faut remplir un formulaire et regarder une vidéo informative sur le trek.
  • Se munir d’équipements pour passer les deux tyroliennes sur le parcours (harnais, longe de sécurité…). Par ailleurs ces tyroliennes sont esquivables en traversant les rivières à pied.

Préparation

Par conséquent, la veille de notre départ nous faisons la tournée des agences de location pour trouver le matériel le moins chère. Nous finissons par trouver un magasin (Patagonia Hikes) qui propose un set d’équipements pour 350$ pesos/jour (4,88€, taux de change début 2020) alors que les autres boutiques louent à 500$ pesos/jour (7€/jour).

Le lendemain, nous rencontrons les rangers, lesquelles nous informent des difficultés climatiques des prochains jours. Ils nous font également lire un questionnaire de « mise en garde » pour vérifier notre attitude à réaliser un trek de 4 jours en autonomie. La question sur le numéro de secours me fait bien rigoler vu qu’il n’y a pas de réseau sur l’ensemble du parc naturel… Nous terminons par regarder la vidéo et ensuite par compléter notre formulaire. Une fois rendu, nous entamons enfin notre randonnée.

Itinéraire de la randonnée

Carte en cours de fabrication…

Journée n°1 : El Chaltén → Campement Lac Toro

7h – 312m de dénivelé – 12 km

Nous montons d’abord sur les hauteurs d’El Chaltén dévoilant un magnifique panorama sur la vallée.

Vue sur El Chaltén et sa vallée

Nous continuons et alternons entre forêt et prairie. Sur le chemin, nous croisons également quelques vaches et leurs petits.

Une vache sur le passage

Au fur et à mesure de notre progression, le ciel se dégage et nous laisse apparaître pour la première fois depuis notre arrivée le majestueux Fitz Roy. Il s’agit d’un sommet très prisé par les grimpeurs mais ces derniers sont quelques fois contraints à attendre un mois avant d’engager l’ascension. En effet, les journées ensoleillées et sans vent sont très rares en Patagonie. Et ça on vous le confirme !

Le massif du Fitz Roy et sa couronne de nuage

Nous atteignons ensuite la zone de bifurcation entre le Lac Toro et le sommet Loma Del Pliegue Tumbado.

En direction du lac Toro

Nous prenons alors la direction du lac. La sentier est un peu boueux puis monte doucement dans les sous-bois. De temps en temps, la forêt s’ouvre et nous dévoile une splendide vue sur le lac Viedma et sa teinte bleu-turquoise. Il s’agit d’un des deux plus grand lac de la région.

Le lac Viedma en arrière plan

En reprenant notre route, nous voyons au loin un amas nuageux très dense fonçant vers nous.

Tempête en approche

Nous décidons alors de mettre nos imperméables pour nous protéger de la pluie. Mais cela ne sera pas de la pluie mais plutôt une tempête de neige. Nous sommes alors valdingués et aveuglés par l’intensité du vent et de la neige.

Tempête de neige !

Au bout d’une vingtaine de minutes, la tempête de neige cesse. Nous apprécions alors la vue sur la vallée du lac Toro.

La vallée Toro après le passage de la tempête

Nous entamons une petite descente pour rejoindre le fond de vallée. Un fois atteint, nous avançons tranquillement sur du plat et traversons quelques rivières.

Petite traversée de rivière

Le soleil fait alors son grand retour. La beauté du lieu nous emporte.

Vallée Toro
Le mont Solo

Après 1h30 de marche, nous finissons par rejoindre la zone de bivouac aménagée. Une dizaine de tentes sont déjà présentes. Nous finissons par faire notre choix sur une petite zone protégée du vent.

Journée n°2 : Campement Lac Toro →  Lac Ferrari

7h30 – 740m de dénivelé – 9 km

Nous nous réveillons à 4h30 pour profiter de la belle fenêtre climatique annoncée jusqu’à 13 heures. Le réveil est difficile et nous finissons par lever le camp vers 7 heures. Nous rejoignons d’abord le lac Toro au niveau duquel de fortes rafales nous gèlent tout le corps. Nos mains sont pétrifiées par le froid. Charlotte regrette de ne pas avoir achetée des gants à El Chaltén.

Lac Toro

Depuis le lac, nous crapahutons pour rejoindre l’accès à la tyrolienne. Une fois arrivés, je m’équipe et passe le premier.

On démêle tout ça et c’est parti

C’est ensuite au tour de Charlotte de voltiger au dessus du canyon.

Traversée de Charlotte

Une fois passée, nous avons notre dose adrénaline pour la prochaine heure.

La tyrolienne est au niveau du canyon

Le sentier monte ensuite doucement pour rejoindre le glacier « Rio Tunnel Inferior »

On s’approche du glacier « Rio Tunnel »

Au niveau de la moraine du glacier, nous décidons de ne pas marcher sur le glacier et d’avancer dans le pierrier afin de prendre de la hauteur. Nous admirons ainsi l’étendu de cette mer de glace.

Impressionnant

Nous sommes lents sur cette partie. En effet, les pierres sont instables et se dérobent sous nos pieds. Après une trentaine de minutes, le sentier finit par redescendre jusqu’au glacier.

Nous faisons alors pour la première fois, une marche sur un glacier. Comme précisé par les gardes-parc, il n’est pas nécessaire d’avoir des crampons. Quelques cairns sont présents pour nous indiquer le chemin. Après 20 minutes de marche, nous apercevons le sentier nous permettant de quitter le glacier. Le rejoindre n’est pas facile, voire dangereux. Je prends même le sac de Charlotte pour qu’elle puisse grimper sans soucis.

Enfin sur le chemin, nous profitons de la vue

Une fois sur le sentier, la monté est bien plus simple et nous arrivons à une zone intermédiaire de bivouac. Nous nous arrêtons pour déjeuner et reprendre des forces car il nous reste encore 550m de dénivelé positif pour atteindre le Col del Viento. Alors que nous mangeons, le ciel se voile doucement.

Le ventre plein, nous repartons terminer l’ascension du col. Depuis la zone de bivouac, le sentier monte violemment jusqu’à rejoindre un replat. Nous prenons des pauses régulières car la montée est vraiment dure avec nos sacs surchargés. La fatigue est de plus en plus forte. Heureusement que les paysages sont beaux. En effet, sur notre droite, nous admirons également le glacier « Rio Tunel Superior », lequel s’écoule dans le lac du même nom.

Glacier « Rio Tunel Superior »

Au cours de la montée, une douleur au niveau de mon genoux fait également une apparition. Cela me fait penser à la douleur que j’avais eu au Danemark. Ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle.

Après deux heures d’une pénible ascension, nous atteignons enfin le Paso del Viento. La vue sur le glacier Viedma est extraordinaire. Le glacier est encore plus impressionnant que celui de Grey à Torres del Paine. Il s’entend à perte de vue. Nous ne restons pas très longtemps là-haut car comme son nom l’indique très bien, il s’agit du Col du Vent.

Glacier Viedma

La descente pour rejoindre le lac Ferrari est raide. Nous avançons lentement et prudemment jusqu’à que la trace du chemin disparaisse. Je décide alors de créer un itinéraire pour rejoindre le fond de vallée tout en pestant fortement sur la qualité du balisage.

Arrivés en fond de vallée, nous n’allons pas jusqu’à la zone de bivouac proche du lac mais essayons de trouver un petit coin sympa à l’abri du vent. Nous finissons par nous mettre à côté d’un rocher… Quelle erreur…

Journée n°3 : Lac Ferrari → Refuge non gardé Paso del Viento.

1h30240m de dénivelé – 4km

4h30 du matin, des énormes rafales de vent nous réveillent. Sous la force du vent l’arceau droit de la tente se plie violemment. Nous décidons alors de bricoler avec nos bâtons de marche (comme à Torres Del Paine) afin de soutenir la structure de la tente. Néanmoins, les rafales sont de plus en plus violentes et notre technique ne fonctionne plus… Nous essayons tant bien que mal de tenir la tente avec nos mains. Vers 6 heures, les rafales ne cessent toujours pas et montent encore en puissance ! Les sardines s’envolent les unes après les autres ! Même les pierres mises la veille pour fixer les piquets ne suffisent pas. La tente est entrain de se disloquer sous nos yeux. J’essaie de sortir pour remettre les sardines mais en vains. Le vent m’emporte. C’est donc cela le vrai vent patagonien. Notre tente n’est vraiment pas adaptée à ces conditions extrêmes. Nous décidons alors de ranger nos affaires pour déguerpir au plus vite.

Vers 7 heures nous sommes enfin prêts à partir afin de rejoindre le refuge non gardé « Paso Del Viento », lequel se trouvant à 4 km. Nous marchons prudemment tandis que les bourrasques de vents nous bousculent. La douleur au niveau de mon genoux se fait de plus en plus forte. Il m’est impossible de plier la jambe droite.

On arrive bientôt, le refuge se situe au niveau du lac

Après une longue heure et demi de marche, nous voyons enfin l’abri. Juste avant d’arriver au refuge, il faut encore traverser une petite rivière…  Je commence à la traverser mais je perds l’équilibre. Je finis par glisser et chute violemment dans l’eau. Je ne suis vraiment pas en pleine forme.

Au refuge, nous rencontrons plusieurs personnes qui tiennent compagnie à une jeune femme blessée à la cheville. Pour elle, le trek est terminé. Par chance, ils ont réussi à contacter (grâce à un guide doté d’une radio) la veille les rangers du parc qui arriveront en début d’après-midi.

Vers 13 heures, les rangers sont là, nous allons alors discuter avec eux pour leur préciser mon soucis au genoux. Je leur demande conseil sur l’itinéraire le plus simple afin de retourner à El Chaltén. Ils me répondent qu’il faut faire demi-tour car la descente du prochain Col (Paso Huemul) est très raide (400m de dénivelé négatif en un kilomètre).

Nous faisons une sieste et nous déciderons dans l’après-midi sur quel itinéraire emprunter. Vers 16 heures, nous nous réveillons, il n’y a plus personne dans la zone de bivouac.

Zone de bivouac « Paso Del Viento »

Nous profitons de l’occasion pour prendre une petite douche au soleil. La météo est idéal. Nous discutons et hésitons longuement avec Charlotte. Finalement, nous choisissons de faire demi-tour comme recommandé par les rangers du parc.

Journée n°4 : Campement Paso del Viento → Lac Toro

7h00 – 980 m de dénivelé

Nous nous réveillons pour la première fois depuis notre départ à Ushuaïa avec une douce chaleur dans la tente. C’est agréable ! Nous plions tranquillement la tente et mangeons dans le refuge.

Refuge non gardé Paso Del Viento

Il est 11 heures, il est temps de partir. Nous remontons doucement le trajet fait la veille. Sans vent avec des éclaircies, c’est plus agréable ! La sentier borde une rivière qui s’écoule de bassin en bassin.

Vers 12h30, nous engageons une nouvelle fois l’ascension du Col del Viento. La montée est difficile mais nous sommes en forme.

On s’approche doucement du col

Mon genou fonctionne bien. Après une bonne heure de marche, nous arrivons au sommet. Malheureusement la vue n’est toujours pas totalement dégagée.

Glacier Viedma toujours voilé par les nuages

Nous prenons notre pause déjeuner au niveau du Col. Cela sera une petite salade composée avec du thon. Après cette petite pause, nous redescendons avec prudence car le chemin est très escarpé et glissant.

Ce n’est que le début de la descente

Sur le sentier nous croisons un guide avec lequel nous discutons. Il nous dit que la descente du Col Huemul n’est pas plus difficile que celle que nous sommes entrain de faire… Mais bon, c’est trop tard pour une nouvelle fois faire demi-tour.

Nous continuions cette longue descente jusqu’à atteindre l’accès au glacier. La descente est toute aussi périlleuse que la montée de l’avant-veille. Nous profitons également de la vue toujours impressionnante, notamment de la rivière disparaissant dans les entrailles du glacier.

C’est cette formation si particulière du glacier qui lui donne son nom de « Rio Tunel Inferior »

Nous traversons le glacier sans difficulté tandis que le vent et la pluie font leurs apparitions.

L’œil bleu du glacier

Une fois le glacier dépassé, nous prenons la direction de la tyrolienne. Charlotte a des difficultés à suivre mon rythme. Le sentier est difficile dans ce sens. Arrivés au niveau de la tyrolienne, Charlotte n’ést pas très rassurée de l’utiliser avec du vent. Nous faisons le choix de continuer et de traverser la rivière à guet. Je ne suis pas de son avis mais je décide quand même de la suivre.

Nous arrivons au niveau de la plage du lac et de la rivière. Cette dernière se divise en deux bras qu’il faut traverser. Après quelques observations et sondages, nous passons au niveau du premier bras sans encombre.

Au niveau du deuxième bras, il y a davantage de courant et l’eau semble plus profonde. Je décide de me lancer en premier. L’eau m’arrive au dessus du genoux. Je perd une fois l’équilibre mais j’arrive à me stabiliser. Les fortes bourrasques de vent n’aident pas à se sentir en pleine confiance. Charlotte suit derrière et elle se fait également valdinguer par le vent, je la vois presque tombée. Par peur, je décide de retourner dans l’eau pour faire une sorte de barrage et ainsi faciliter sa traversée. Avec du recul, l’option tyrolienne aurait été moins dangereuse.

Nous sommes sains et saufs mais le vent continue de nous déséquilibrer. Il est tellement fort qu’il forme des vagues sur le lac.

Lac Toro

Après une trentaine de minutes de marche, nous arrivons enfin à la zone de bivouac Toro. Le campement est quasi-plein. Nous posons la tente où nous pouvons et allons rapidement nous coucher.

Journée n°5: Campement Lac Toro → El Chaltén

7h – 312m de dénivelé – 12 km

Nous nous levons difficilement. Nous regrettons presque de ne pas avoir continuer le circuit de l’huemul compte tenu des difficultés de la veille.

Nous partons vers 11 heures du campement, la temps est clair et calme. Nous marchons péniblement. Ayant déjà fait cette portion, elle n’est plus très intéressante.

El Chaltén en vue

Après 6 heures de marche, nous finissons par rejoindre El Chaltén. Nous rentrons à l’hostel et décidons de nous faire un petit Burger de récompense au « Burger Fitz « .

Il est maintenant temps de se reposer pour préparer notre parcours autour du Fitz Roy, ainsi que la traversée à pied de la frontière afin de rejoindre le Chili.


NOTE SUR LE TREK

Comme vous avez pu le constater en lisant cet article, l’huemul circuit est une randonnée magnifique et atypique. Cependant, elle reste dangereuse sur certaines portions (sentiers glissants, escarpés et peu entretenus, passages de rivières à guet et/ou via une tyrolienne, etc.). Ce danger pouvant être amplifié par les conditions climatiques changeantes et instables (vents violants, tempête de neige). C’est ainsi que ces éléments sont susceptibles de provoquer des accidents comme avec la jeune femme que nous avons rencontré à l’abri non gardé « Paso del Viento » ou avec le backpacker rencontré quelques jours plus tard, lequel s’était ouvert sérieusement la main suite à une glissade sur un pierrier. Nous tenons donc à rappeler qu’il s’agit d’un randonnée exigeante nécessitant un minimum d’expertise et d’expérience.

Par ailleurs, nous sommes également déçus de la gestion de cette randonnée par le Parc Naturel « Los Glacieres ». Même si l’administration informe sur les difficultés du trek, il est anormal compte tenu de la fréquentation du circuit (env. 15 personnes par jour) :

  • De maintenir une qualité de balisage proche du néant ;
  • De ne pas entretenir le sentier (chemin quasi-inexistant vers le glacier ou après le col « Paso del Viento ») ;
  • De ne pas avoir un réel service de secours (il est en effet composé à 50% de volontaires, il n’y pas d’hélicopter de secours sur El Chalten) .
  • De ne pas installer de relais radio sur les zones de campement. En effet, en cas d’accident, vous êtes seuls.

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